Benjamin Griveaux : « On mesurera l’attractivité de la France le jour où les grandes entreprises, les PME et les ETI auront leurs partenaires financiers à Paris plutôt qu’à Londres »

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A l'occasion du Grand Rendez-vous Fidal du 1er mars 2018, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a expliqué dans quelle mesure la politique économique et sociale du gouvernement peut rendre la France plus attractive.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la France serait plus attractive. Mais qu’en est-il réellement ?
Lorsque l’on interroge les entrepreneurs, la moitié d’entre eux indiquent la fiscalité comme frein au développement, 45 % citent la complexité du système administratif et législatif. Arrivent ensuite le droit du travail et le coût du travail.

Le gouvernement a décidé de réformer sur ces trois leviers. A l’occasion du Grand Rendez-vous Fidal du 1er mars 2018 consacré à « la nouvelle attractivité française », qui se déroulait à l’Académie diplomatique internationale, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, est revenu sur les réformes engagées par le gouvernement.

Conduire les réformes « en même temps »

Interrogé sur le fait de conduire ces réformes « en même temps », il a justifié cette politique par la nécessité d’agir vite. « La France ne peut pas se permettre de se dire : on va mettre l’accent sur la question du travail, la question du capital, la question de l’école et le reste : on verra après. On a trop attendu dans tous ces secteurs. ». « La croissance économique, ce sont trois facteurs : capital, travail et capital humain », d’où la réforme du capital (flat tax, réforme de l’ISF…), la réforme du marché du travail mais aussi la formation et la sécurisation professionnelle (capital humain). Or depuis 30 ans, si on était de gauche, on privilégiait plutôt le travail, si on était de droite on privilégiait le capital ». « Après 30 ans d’alternativement choisir l’un ou l’autre, on a ni l’un ni l’autre ». « Donc on assume d’avoir fait en même temps la réforme du marché du travail, la question du capital et celle du capital humain. Et donc, si on ne fait pas les trois en même temps, on a une forme d’hémiplégie. »

Agir au niveau européen

Sur la fiscalité, il y a un élément conjoncturel qui est le Brexit, qui a permis à la France de se positionner notamment pour obtenir le siège de l’Autorité bancaire européenne. Si « ce n’est pas cela qui va changer la place de l’emploi en France, symboliquement il était important qu’une grande autorité de régulation bancaire ait son siège en France ».
Par ailleurs, il y a des éléments structurels selon Benjamin Griveaux : des créations de classes internationales (lycée internationale de Courbevoie, création de deux autres lycées d’ici 2020), la stabilité politique.
Pour le porte-parole du gouvernement, la place financière de Paris est déjà attractive. « Notre principal savoir-faire est notre enseignement supérieur. Nos formations d’ingénieurs et écoles de commerce sont reconnues. » Comment la rendre plus attractive ? « Je ne crois pas que Paris grandira sans faire grandir Francfort, le Luxembourg ; pour résister notamment à des politiques fiscales très agressives comme peuvent le faire les Etats-Unis ou la Chine, la France ne peut pas agir seule ».
Par conséquent, il affirme que c’est au niveau européen qu’il faut agir. Pour ce faire, il préconise l’adoption d’un budget européen qui permettra non seulement de financer des grands projets européens sur le numérique, la transition énergétique ou la question migratoire mais aussi de permettre « d’absorber des chocs asymétriques au sein de la zone ».
Il faut également que « l’Union européenne sache aussi dire parfois à l’OMC que certaines règles ne sont pas acceptables, et que la réciprocité dans les échanges commerciaux est la base ».

Indicateurs pour mesurer l'attractivité économique de la France 

Si la France semble plus attractive pour les investisseurs étrangers comment mesurer cette attractivité économique ? Benjamin Griveaux souligne que si les indicateurs de trading des banques d’affaires peuvent être un moyen, sa conviction est que l’ « on mesurera l’attractivité le jour où les grandes entreprises, les PME et les ETI auront leurs partenaires financiers à Paris plutôt qu’à Londres. Les investissements en France sont également à prendre en compte (ex : Disney, de Toyota…). « Il n’y a pas d’indicateur unique. On va également mesurer l’attractivité à la baisse du nombre de départs » conclut-il.

Arnaud Dumourier (@adumourier)


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