Gwenaëlle Bernier, Associée, Ernst & Young Société d’Avocats

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Gwenaëlle Bernier, Associée, Ernst & Young Société d’AvocatsLe Monde du Droit a interrogé Gwenaëlle Bernier qui vient de rejoindre Ernst & Young Société d’Avocats en tant qu'associée au bureau de Nantes.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Ernst & Young Société d'Avocats ?

Ma première motivation était de créer une véritable ligne de services pouvant répondre à une problématique essentielle à mes yeux : la gestion fiscale des entreprises au travers de leurs systèmes d'information. Mon objectif est de pouvoir "traduire" les besoins fiscaux des directions informatiques, et de sensibiliser les directions fiscales à l'importance de bien comprendre le fonctionnement d'un logiciel – comptable ou autre – et d’en maîtriser les implications en termes de fiscalité. J’avais par ailleurs à cœur que nous soyons des interlocuteurs privilégiés partout en France, pour aider aussi les PME et ETI régionales sur ces sujets très spécifiques. Rejoindre le cabinet répondait enfin à mon envie d'un nouveau challenge, alors que je me trouve presque à mi-parcours de ma carrière professionnelle.

Sur tous ces points j'ai eu le sentiment d’être entendue par Ernst & Young et l’esprit très entrepreneurial de ma démarche rejoignait parfaitement les valeurs de l’entreprise. En outre, le développement régional d’Ernst & Young, en parfaite cohésion avec les équipes parisiennes, répond à mes attentes ; basée à Nantes, je peux pleinement m’y consacrer.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Après des études de droit international à Paris, mes origines bretonnes m’ont conduite à débuter ma carrière dans un excellent cabinet brestois. Il me manquait toutefois la dimension internationale. Le retour à Paris s'est donc imposé en 1995, pour intégrer ce qui est devenu plus tard la Direction internationale de Fidal.

Dès mes études, j'ai été piquée de passion pour les sujets relatifs à la TVA. Ayant débuté ma carrière en 1992, à la veille du basculement de l'Union européenne dans la TVA intracommunautaire, cette passion ne m'a jamais lâchée. Chez Fidal, j'ai pu développer une équipe spécialisée en TVA et douane au sein de mon département, devenant le 1er associé nommé en tant que "spécialiste TVA".
A ce titre, avec deux de mes plus proches collaborateurs, j’ai publié un livre assez iconoclaste sur le sujet (La TVA racontée aux dirigeants et à leurs conseils, Editions Litec Fiscal, 2e édition 2010). 

C’est par le biais de la TVA que j’en suis arrivée aux questions informatiques. Dans le courant des années 90 sont apparus les progiciels de gestion, capables de gérer toute l'entreprise de la fabrication à la distribution. Ces progiciels ont intégré en leur sein les taxes transactionnelles – dont la TVA –, qui de fait n'étaient plus vraiment gérées au quotidien par la direction comptable, et encore moins par la direction fiscale. Pour pouvoir comprendre les enjeux fiscaux, il fallait alors "mettre les mains dans le moteur" et décortiquer la façon dont ces logiciels faisaient de la fiscalité sans le savoir.

Ayant acquis une certaine spécialisation dans le domaine de la « fiscalité technologique », notamment sur le sujet complexe de la facturation électronique, j’ai été invitée à participer à un groupe d'experts ad hoc crée par la Commission européenne en 2008. Plus récemment, j’ai eu l'honneur d'être choisie en septembre 2012 pour faire partie du groupe d'experts TVA de la Commission.

Qui a le plus influencé votre carrière ?

Probablement mon premier patron, par son niveau d'exigence, d'excellence technique et de rigueur, mais aussi son éthique en droit des affaires. Ensuite ce sont les relations quotidiennes que j’ai pu avoir avec des confrères étrangers dans le cadre d’un réseau international : nous partageons tous le droit fiscal comme cœur de métier et, sans avoir les mêmes approches ou les mêmes méthodes, nous parvenons à répondre aux multiples attentes de nos clients. Ces échanges et le travail au sein d’équipes pluriculturelles incitent à s'adapter, à se remettre en cause et à innover en permanence.

Quel est votre meilleur souvenir dans votre carrière ?

D'avoir pu créer une équipe importante de spécialistes TVA auxquels j'ai voulu inculquer, non seulement de la technique fiscale, mais surtout les valeurs du travail en équipe et une éthique basée sur le respect, la solidarité et le partage des informations.

Quels sont vos domaines de compétences ?

Le droit fiscal international, surtout sur les questions de TVA et droits indirects, ainsi que tous les sujets conjuguant fiscalité et informatique : contrôle des comptabilités informatisées, facturation électronique, paramétrage fiscal des ERP , etc.

Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d'activité ?

Nous bénéficions en ce moment d’une actualité très riche du fait de deux dispositifs contenus dans le 3e PLFR (Projet de loi de finances rectificative) :

- d'une part l’article 22, qui transpose en droit français la Directive facturation 2010/45. Cette directive révolutionne la facturation électronique, en n'opposant plus de barrières fiscales à la facturation dématérialisée, et ce quasiment quel que soit le format informatique utilisé. Les conséquences opérationnelles vont être majeures pour toutes les entreprises, d'autant que cette réforme doit entrer en vigueur dans l'ensemble de l'Union européenne à compter du 1er janvier 2013.

- d'autre part, l'article 11 propose de modifier le dispositif de l'art. L47-A-I du PLF en rendant obligatoire la présentation en version dématérialisée de la comptabilité générale des entreprises, lors de tout contrôle fiscal diligenté à compter du 1er janvier 2014. Cela représente un premier pas vers une généralisation du contrôle fiscal informatisé, induisant d'emblée pour les entreprises de nouveaux modes de fonctionnement et de préparation aux contrôles fiscaux futurs (portant sur les exercices ouverts à compter de 2011).

Qui conseillez-vous ?

J’accompagne uniquement des entreprises, de l'ETI aux entreprises du CAC40, plutôt tournées vers l'international. Pour beaucoup, mais pas exclusivement, il s’agit d'entreprises des secteurs de l'informatique, de l’électronique et des télécoms.

Quels sont vos objectifs pour le cabinet ?

Qu’Ernst & Young Société d’Avocats devienne leader, parmi les cabinets du secteur, sur les sujets de fiscalité et informatique. Je souhaite aussi apporter ce triple savoir-faire fiscalité / TVA / informatique à nos clients de toutes les régions.

 

Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER