Julie Janvier, Associée, Redlink

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Le Monde du Droit a interrogé Julie Janvier qui vient d'être nommée associée en droit des sociétés et droit immobilier au sein du cabinet Redlink.

Selon vous, qu'est-ce qui a présidé à votre cooptation ?

Question difficile qu’il faudrait poser à celles et ceux qui l’ont décidée, mais je pense que c’est principalement lié à trois facteurs.

En premier lieu, mon implication continue au sein du cabinet depuis plus de 7 ans maintenant, ce qui s'est fait assez naturellement je dois avouer, dans la mesure où j'ai toujours adhéré aux valeurs qu'il véhicule et apprécié les individualités qui le composent. Je suis intimement convaincue que le travail d'équipe et la mise en commun de compétences diverses (et complémentaires) sont essentiels pour fournir un service de qualité à nos clients, et ce sentiment est partagé par mes associés.

En second lieu, la relation de confiance que j’ai bâtie et entretenue avec les clients du cabinet ces dernières années ;

En troisième lieu, le développement d'une expertise en matière de baux commerciaux et de cession de fonds de commerce, notamment dans les domaines du retail, de la restauration et des assurances, ce qui nous a permis d'offrir un service nouveau à des clients existants, mais également d'adresser de nouveaux clients.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

J’ai toujours voulu être avocat. Après le bac, j’ai intégré l’école préparatoire ENS CACHAN qui offrait la possibilité d’être inscrit en parallèle à l’université dans la filière Droit avec un programme aménagé. J’ai poursuivi mon cursus à l’université de Paris X et obtenu ma maitrise de droit des affaires à Paris II.
Je souhaitais rester généraliste connaître tous les pans du droit des affaires. J’ai donc choisi d’intégrer le DEA de droit des affaires de Paris X.

A l'issue de différents stages dans de grands cabinets de la place (Gide en contentieux des affaires / August & Debouzy en corporate et immobilier d’affaires), j'ai intégré le cabinet Taylor Wessing pour une première collaboration à l'occasion de la création du département immobilier, tourné sur les affaires (asset deal, financement, baux commerciaux etc.) Rapidement, une partie de TW est partie créer le bureau de Paris du cabinet américain Nixon Peabody.

J'ai donc rejoint le bureau parisien de Nixon Peabody, au sein duquel j'ai été amenée à travailler avec les départements corporate et contentieux. Cette pratique pluridisciplinaire m'a permis de comprendre à l'époque la complémentarité entre les différentes composantes du droit des affaires, et m'a convaincue de la nécessité d'allier le conseil et le contentieux pour avoir une vision globale des dossiers, et accompagner au mieux les clients.

Après plusieurs années passées chez Nixon, j’ai eu envie d’expérimenter une autre approche de l'exercice de notre profession, et de rejoindre une structure indépendante et à taille plus humaine. Mon choix s'est porté à l'époque sur Redlink, qui m'est apparue comme une structure entrepreneuriale et dynamique.

Redlink avait un positionnement intéressant pour moi (entrepreneurial, proche du client, réactivité, jeunes associés fondateurs) qui s’inscrivait dans ma vision de la profession et mon envie de développer mon activité.

Qui a le plus influencé votre carrière ?

J'ai beaucoup appris de certains confrères avec qui j'ai eu l'occasion de travailler depuis le début de ma carrière, mais citer des noms est un exercice périlleux, et je ne doute pas que les personnes concernées se reconnaîtront !

Par ailleurs, bien avant de côtoyer des avocats, je pense que c'est en observant mon père que j'ai, très jeune, découvert le business, la négociation et la valeur du travail. Petite je faisais la tournée des magasins que dirigeait mon père : je l’ai vu gérer des hommes, développer des sociétés et des concepts, mettre en place des stratégies et en assurer le développement.

Ces expériences d'enfance ont incontestablement eu pour effet de développer chez moi une fibre commerciale et une appétence pour la négociation et le transactionnel. Elles m'ont également permis de découvrir le monde de l'entreprise et les attentes de ceux qui allaient devenir plus tard des clients. Cela m'a beaucoup aidé dans ma pratique professionnelle, et a largement contribué à l'avocate que je suis devenue.

Quel est votre meilleur souvenir dans votre carrière ?

J’en ai beaucoup, tant en conseil qu'en contentieux.

Si je ne devais en garder qu’un, je dirais que c'est lorsque j’ai eu à gérer seule un dossier d’acquisition complexe, alors que je n'étais qu'une jeune collaboratrice. Mon associé et le client m’ont fait totalement confiance. J’ai négocié seule et obtenu les conditions souhaitées par le client, avec qui j'ai d'ailleurs noué une relation durable depuis.

J'accorde une importance particulière à la dimension humaine de notre métier. Je pense que l'écoute, la compréhension, l'empathie et la pédagogie sont tout aussi importantes que la connaissance technique, et que la combinaison des deux est la clé de la réussite. Ce dossier en est un parfait exemple.

Quels sont vos domaines de compétences ?

J’interviens en droit des sociétés - M&A (share deal, asset deal, reprise d’entreprises dans le cadre de procédure collective) tant en conseil qu’en contentieux, ainsi qu’en droit immobilier.

J’ai développé une expertise en matière de baux commerciaux et de cession de fonds de commerce, notamment dans les domaines du retail, de la restauration et des assurances.

J’ai toujours voulu conserver un champ d’intervention large, et intervenir à la fois en conseil et en contentieux.

D'une part parce que j'aime le contentieux et le précontentieux (au sein desquels la stratégie et la négociation trouvent toute leur place), et d'autre part parce que je suis persuadée (et mon expérience ne cesse de me le confirmer) que la connaissance du contentieux contribue à l'amélioration de l'accompagnement des clients dans la négociation de leurs opérations. On négocie toujours mieux un contrat quand on a déjà été confronté à un litige relatif à sa mise en œuvre.

Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d'activité ?

Il y en a beaucoup mais je dirais toute la réforme initiée par le Gouvernement pour simplifier le droit des sociétés. De la loi « Sapin II » (loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016) à la loi « PACTE » (loi pour la croissance et la transformation des entreprises) annoncée qui a pour ambition de simplifier la vie des entreprises, d’alléger les procédures administratives pour simplifier leur quotidien, tout comme la création d’entreprise.

-Simplification de la constitution des sociétés et formalités avec un guichet unique
-La dématérialisation des formalités et des publicités légales
-La modification des obligations de nomination des commissaires aux comptes avec une remontée des seuils et une obligation de nomination que dans la société contrôlante. Aujourd’hui, un CAC doit également être nommé dans les sociétés contrôlées quand il s’agit de sociétés par actions simplifiées (SAS), ce qui incite des entrepreneurs à choisir une autre forme sociale moins souple, la SARL, pour éviter cette obligation coûteuse.

En matière de baux commerciaux, je citerai l’avis de la 3e chambre civile de la Cour de cassation du 8 mars 2018 (no 17-70.040 PB) qui précise enfin les conditions d’étalement de l’augmentation du loyer déplafonné : le plafonnement du déplafonnement instauré par la loi PINEL (loi 2014-626 du 18-6-2014) limitant la variation de loyer résultant du déplafonnement à 10% du loyer acquitté au cours de l’année précédente (C. com. art. L 145-34, al. 4).

La Cour de cassation vient, enfin, de préciser son application en indiquant qu’il revient aux parties d’établir cet échéancier et que l’étalement s’opère par une majoration de 10% du loyer de l’année précédente, et non pas en deçà malgré la rédaction du texte (sauf évidemment lorsque par les augmentations successives annuelles le montant du loyer du bail renouvelé aura été atteint).

Qui conseillez-vous ?

Des start up (qui cherchent à développer un concept ou à se structurer après quelques années d’existence, et ce dans tous les domaines d’activité ce qui est très enrichissant)
Des TPE / PME (Groupes de restauration, de retail dans le cadre de leur développement)
Des groupes internationaux (un des leaders de la cosmétique et de la parfumerie et le leader de l’informatique notamment).

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)