"Un bon juriste doit maîtriser parfaitement son secteur"

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redactionEntretien avec Didier Langlois, Responsable juridique de Lignes d’Azur.

Des centaines de milliers d’usagers, des technologies complexes et variées, des problématiques diverses requérant une expertise large, voilà le quotidien mouvementé et passionnant d’un service juridique de réseau de transport urbain.  Tour d’horizon. 

Vous êtes fortement impliqué dans la formation des juristes d’entreprise…

Absolument. Nous sommes d’avis que les étudiants qui se préparent à exercer dans ce domaine, et notamment ceux qui participent au Master 2 des juristes d’affaires, doivent être le plus tôt possible en contact avec le monde de l’entreprise. C’est pourquoi nous prenons des stagiaires, dans le cadre d’un partenariat établi en 2007. Nous organisons également des tables rondes à l’occasion de la rentrée universitaire d’octobre, avec l’aide des anciens étudiants, de manière à permettre un échange. Chacun y présente son parcours, son activité, on y répond aux questions concernant les CV, les lettres de motivations, les demandes de stages, etc. De manière générale, je répète souvent aux étudiants : « allez aux audiences, imprégnez-vous des différentes facettes du métier et de l’ensemble des problématiques qui sont liées à votre secteur d’activité ».

Cette implication qui est la vôtre va de paire avec un rôle de membre de jury…

En effet, je suis membre du jury pour le diplôme de validation des acquis de l’expérience (VAE) pour les juristes d’entreprise qui exercent depuis plusieurs années, et veulent faire reconnaître leurs compétences à travers un diplôme correspondant.

 "De nos jours, un bon juriste d’entreprise se doit de maîtriser parfaitement son secteur"

En quoi consiste votre action au sein de l’AFJE ?

Dans le cadre de l’AFJE, je souhaite mettre en place un groupe de travail avec les responsables juridiques d’autres réseaux de France (Grenoble, Toulouse, Clermont…). Il s’agit de monter une commission spéciale composée de responsables juridiques de réseaux urbains.

Quel est l’objectif de cette démarche ?

Le but est d’échanger avec le plus possible de confrères. Car on apprend énormément de l’échange, du partage des expériences. Voir comment les autres fonctionnent dans tous les compartiments du métier permet de comparer les pratiques, de voir ce qui marche le mieux, de se tirer les uns les autres vers le haut. Nous échangeons déjà sur de très nombreux sujets, en matière de décisions, d’accidents, de questions d’indemnisations, de matériel, de franchises, d’assurances, d’équipes de contrôle, d’indulgences, d’agressions dans les transports… Visiter les installations et les modes de fonctionnement, voilà une démarche tout à fait fondamentale pour progresser sur toutes les problématiques juridiques. D’ailleurs je pense que de nos jours, un bon juriste d’entreprise se doit de maitriser parfaitement son secteur. C’est ce que je m’efforce de faire en m’imprégnant de mon secteur d’activités : les moyens de transports, les bus, les tramways…

Vous qui êtes au contact de nombreux professionnels, quel regard portez-vous sur le métier de Directeur juridique aujourd’hui ?

La fonction a considérablement évolué. Nous ne sommes plus considérés comme des empêcheurs de tourner en rond. Plus personnes ne doit nous voir de la sorte, car nous sommes, bien au contraire, au cœur des décisions stratégiques des entreprises. Nous sommes là pour faire avancer les choses, en se plaçant en amont des décisions importantes. De manière générale, il est fondamental d’associer le juriste aux grandes décisions, comme l’ont parfaitement compris les entreprises anglo-saxonnes. Le juriste coincé derrière son bureau, c’est une vision totalement obsolète de notre métier.

Propos recueillis par Emmanuel Bonzé

 

Mini-Bio

 

Après un DESS de Droit à Paris XI, puis une formation d’avocat à Versailles, Didier Langlois exerce la profession d’avocat jusqu’en 2003, d’abord à Versailles, puis à Nice. Il intègre ensuite une société d’économie mixte en qualité de responsable juridique, puis rejoint Lignes d’Azur, réseau de transport de la Métropole Nice Côte d’Azur, qui compte 1100 salariés et touche 47 communes.

 

A propos

JEM20Cet article provient du numéro 20 de Juriste Entreprise Magazine (JEM), magazine de l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE) dont le dossier spécial s'intéresse au juriste d'entreprise comme acteur clé du respect des droits de l'homme.

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