Entretien avec Aymar de Franqueville, Directeur juridique du Groupe Adecco en France.
Dans le secteur des ressources humaines comme ailleurs, la Direction juridique est devenue au fil des ans un véritable appui aux décisions et à la stratégie des entreprises. Evolution que nul ne peut ignorer aujourd’hui, et dont la tendance n’est pas près de s’inverser.
Depuis un an, vous exercez vos fonctions dans le secteur des ressources humaines. Est-ce un métier différent ?
Il n’y a pas de grandes différences avec les autres secteurs dans lesquels j’ai travaillé jusqu’ici. En effet, en tant que juriste, nous vivons des expériences qui, me semble-t-il, sont transférables d’un domaine à un autre. J’ai retrouvé en arrivant ici de grandes similarités avec mes expériences précédentes, comme le fait d’avoir une multitude d’entités et de marques à gérer, des sujets transverses à traiter, une présence importante du client à prendre en compte et un souci permanent de sécuriser les Hommes et les Affaires. La base juridique dans les ressources humaines est certes spécifique, mais lorsqu’on arrive à un poste de management, ce qui nous est demandé relève davantage de capacités managériales, de vision à moyen et long terme, d’organisation, les aspects purement juridiques et techniques revenant aux équipes de juristes en elles-mêmes.
Ces équipes de juristes, comment les constituez-vous ?
Lorsque je recrute un juriste, je recherche avant tout de l’expertise.
Notre domaine est marqué par une législation d’une grande complexité, en mouvement permanent, ce qui nous oblige à être en état de veille constant afin d’être attentifs au respect du Droit. C’est d’autant plus prégnant dans le secteur des ressources humaines, où nous gérons des Hommes.
Quels sont justement les principaux changements récents de ce paysage législatif ?
L’accord national interprofessionnel (ANI) signé en janvier 2013, et suivi d’une loi en juin de la même année, a marqué un bouleversement important de la donne sociale. Aujourd’hui encore, de nombreux points sont en débat au Parlement, et tout ce contexte nous oblige une grande adaptabilité ainsi qu’à beaucoup de pédagogie. Nous ne lésinons pas sur les formations en interne autant qu’en externe, de manière à expliquer la loi et ses conséquences. Ces compétences en matière de formations constituent d’ailleurs une de nos grandes forces pour accompagner les mutations actuelles.
Quel regard portez-vous sur le métier de juriste d’entreprise en 2014 ?
Nous sommes bien loin de la vision d’autrefois, où certains nous voyaient comme les pompiers de service. Nous sommes présents en amont dans les décisions prises par l’entreprise. Nous sommes toujours plus proches de la présidence et de la Direction générale.
La Direction juridique est aujourd’hui l’un des passages nécessaires dans le développement d’une société et la définition de sa politique.
Propos recueillis par Emmanuel Bonzé
Quelques mots sur Aymar de Franqueville
Juriste d’entreprise tout au long de sa carrière, Aymar de Franqueville a connu différents secteurs professionnels (pétrole, distribution, RH) toujours au sein de grands groupes internationaux, jusqu’à prendre la Direction juridique du Groupe Adecco en France, l’année dernière, où il manage une équipe d’une vingtaine de juristes.
A propos
Cet article provient du numéro 19 de Juriste Entreprise Magazine (JEM), magazine de l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE) dont le dossier spécial s'intéresse à l'intelligence économique.
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