Étude Day One : témoignages de dirigeants face au défi d’une crise sanitaire

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EIM publie les résultats de son étude qualitative « Day One » qui s’appuie sur des témoignages, retours d’expérience et projections de dirigeants face aux défis de la crise sanitaire.

Le « Day One » constitue le Jour 1 post-confinement, moment où les entreprises vont devoir remobiliser l’ensemble de leurs activités tout en prenant en compte de nouvelles contraintes inédites.

  • 67 % des dirigeants interrogés ont, pendant le confinement, étalé les paiements de charges mais ont également eu recours aux différents dispositifs de soutien proposés par le gouvernement
  • Des équipes agiles, audacieuses et engagées : un état d’esprit positif des collaborateurs pendant le confinement
  • L’interne plébiscité à 90 % pour l’élaboration des plans de sortie de crise
  • 2/3 des dirigeants prévoient une reprise dès le dernier trimestre de cette année
  • Des dirigeants conquérants post confinements, prêts à développer de nouveaux produits, de nouveaux segments de clientèle ou imaginer des rapprochements

Les mesures gouvernementales sociales et financières plébiscitées par les dirigeants

Face à cette crise sans précédent, les dirigeants se sont rapidement organisés. En effet, 100 % des sondés ont placé les collaborateurs en télétravail (fonctions support), 95 % ont mis certains salariés au chômage partielet 70 % ont incité leurs collaborateurs à poser des RTT et/ou des congés payés. Dans ce contexte, organiser les cellules de décision, communiquer en interne, resserrer le lien avec les équipes ont été essentiels pour maintenir la cohésion.

Les directions des Ressources Humaines, au-delà des aménagements rendus nécessaires par les impératifs sanitaires et par l’adaptation des effectifs au niveau d’activité, ont souvent intensifié leurs relations avec les partenaires sociaux. Un nouveau type de confiance s’est instauré, favorisé par l’inclusion de toutes les parties prenantes dans la mise en place du nouveau dispositif.

En ce qui concerne la préservation des finances, l’étalement des charges sociales ainsi que la constitution d’un prêt garanti par l’État (PGE), sont les deux mesures plébiscitées respectivement par 67 % et 33 % des dirigeants pour traverser la crise sanitaire. Ils sont également 18 % à avoir obtenu de nouvelles lignes de crédits bancaires (ou reports d’échéances) et 18 % à avoir différé les paiements non vitaux (les loyers par exemple).

Des équipes agiles, audacieuses et positives

La direction générale de l’entreprise a été, avec les fonctions finance et RH, au cœur de cette première phase de la crise sanitaire (le confinement), avec notamment les ajustements du fonctionnement des équipes. Le premier besoin a été de mettre en place des organes de décisions de crise, afin d’ajuster rapidement les organisations.

Le second besoin a été de communiquer rapidement et régulièrement afin de garder le lien avec les équipes.

Ces dirigeants ont également mesuré la qualité d’engagement et de leadership de leurs équipes dans ces moments critiques. Ils ont le sentiment d’avoir gagné en agilité et en audace, entourés d’équipes réactives. Cette crise a révélé des personnalités plus que des fonctions : celles qui ont été capables de créer et développer du lien sortiront renforcées.

« La crise a révélé au sein de l’entreprise des pratiques moyenâgeuses. On a détecté des trucs antédiluviens, des freins. On a travaillé, nettoyé, c’est pour cela qu’on a autant de boulot en ce moment ! »

« Je voudrais capitaliser sur les bonnes pratiques, le bon fonctionnement de cette période. Les équipes se sont resserrées, tout le monde a fait des efforts. La société fonctionne mieux, paradoxalement ! »

90 % des plans de sortie de crise sont élaborés en interne avec les équipes

Le sentiment d’avoir soudé les équipes de direction pendant cette crise sanitaire se confirme. Il est observé que 90 % des plans de sortie de crise sont élaborés en interne avec les équipes et seulement 45 % en lien avec les actionnaires. Le recours à des conseils extérieurs reste également très minoritaire.

Des perspectives de reprise allant de septembre à décembre en fonction des secteurs

Le retour à une activité pré-crise est prévu pour deux tiers des dirigeants interrogés, au cours du dernier trimestre 2020 (en excluant les entreprises en sur-activité qui suivront un chemin inverse de retour progressif à la normale en réduisant leur chiffre d’affaires).

Les dirigeants qui prévoient un retour à la normale en 2021, sont ceux qui vivent actuellement un arrêt complet d’activité, et ceux qui travaillent en lien avec la distribution et la gestion de réseaux de points de vente (y compris les aspects concernant la supply chain ou les paiements).

NB : ces réponses sont préalables à la déclaration du Premier Ministre du 28 avril. Elles seraient peut-être différentes aujourd’hui.

« Sur la majeure partie de nos activités en lien avec l’agro-alimentaire, on est en surchauffe, donc reprise immédiate. »

« Sur le luxe et surtout l’industrie (auto, chimie, électro), c’est différent, les cycles de Supply-Chain sont monstrueusement longs à faire repartir. Si ça repart début mai, ce sera en mode hyper dégradé et avec des très fortes baisses de volumes, et pour longtemps ! Je dirais pleine activité dans 2 ans, il y aura des incidences sur les hommes (…) et sur les machines. »

Une discipline financière ainsi qu’une bonne gestion seront essentielles tout en relançant les ventes et en diversifiant l’activité. De plus, pour 64 % des dirigeants, il s’agira de protéger leurs collaborateurs d’un possible rebond de l’épidémie dont une réponse pourrait être l’installation durable du télétravail et donc l’accélération de la digitalisation des processus pour les accompagner.

Enfin, pour 55 % des interrogés, le challenge central va être de maintenir la cohérence du lien RH ainsi que la mobilisation dans l’entreprise pour lutter contre une possible démoralisation, des phénomènes de rancœur ou d’un moindre engagement des collaborateurs.

Opportunités de consolidation à saisir : 58 % des dirigeants posent en priorité la relance de l’activité commerciale

33 % d’entre eux souhaitent profiter de cette période de flottement pour prendre des parts de marchés et 42 % sont convaincus qu’il faut conquérir de nouveaux segments de clientèle ou se positionner sur de nouveaux produits.

« Nous allons probablement déclencher de nouvelles offres. »

« Cette crise nous donne de grandes opportunités car il y a une prise de conscience générale de l’importance d’une moindre dépendance nécessaire vis-à-vis du monde, et au contraire de l’importance du local, du territoire… »

Plus intéressant encore, 25 % d’entre eux songent à consolider leur secteur d’activité en participant à une action de rapprochement, « Build Up », pour mieux résister à l’avenir ou profiter d’opportunités de marché.

« Un vrai sujet pour nous. Nous travaillons actuellement sur plusieurs sujets. A notre initiative mais également à la demande de clients qui ont peur que certains de nos concurrents disparaissent et souhaitent miser sur nous. C’est très important pour nous : opération de consolidation mais également entrée sur de nouveaux pays où nous ne sommes pas présents aujourd’hui. »

« Le Jour du Day One, le dirigeant devra poursuivre ce travail de rassemblement et de mobilisation mais également affronter de nouveaux challenges parfois transversaux. Afin de mener à bien cette transformation stratégique, il est impératif de faire appel à des femmes et des hommes capables de gérer des situations complexes avec une vision d’ensemble des multiples problématiques liées à l’après-crise et pouvant impacter les différentes branches de l’entreprise. Le Chief Day One Officer, nouvelle fonction qui semble émerger à l’occasion de cette crise, devra orchestrer et mettre en mouvement, l’ensemble des équipes concernées vers un objectif commun : la reprise de l’activité. », conclut Thierry Fournier, Directeur Associé du bureau parisien d’EIM.

Méthodologie

Interviews qualitatives réalisées auprès de :

  • 75 % de Directeurs Généraux
  • 20 % de Directeurs Financiers ou Directeurs des Ressources Humaines
  • 5 % de cadres dirigeants occupant d’autres fonctions

Plusieurs typologies d’entreprises :

  • 15 PME de moins de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires (45 %)
  • 13 ETI de 100 à 500 millions d’euros de chiffre d’affaires (40 %)
  • 5 entreprises de plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires (5 %)

Les secteurs économiques : Emballages, Biotech, Détergents, Service au nucléaire, Distribution, Répartition Pharmaceutique, Robinetterie Industrielle, Courtage, ESN, Services de paiement, Media/Edition, Ingénierie, Métallurgie, Transformation du bois, Infrastructure télécom…

Les échanges ont été réalisés entre le 14 et le 22 avril 2020 sous format téléphonique d’une heure.


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