Les savoir-faire dans la mode et le luxe : quels enjeux pour la filière française

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L’étude qualitative réalisée par Mazars sur la filière du luxe pour la DGCIS (Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services) réalise un recensement et une cartographie des savoir-faire dans la mode et le luxe en France.

L'étude qualitative réalisée par Mazars offre une vision stratégique sur la filière pour répondre aux problématiques suivantes :

  • Quels sont les axes et leviers déterminants du savoir-faire ?
  • Comment pérenniser les savoir-faire et promouvoir l’innovation de la filière ?
  • Quelles perspectives à long terme pour les industries de la mode et du luxe ?

Téléchargez ici l’intégralité de l’étude sur le site de Mazars

LES AUTEURS

- Isabelle Massa, Associée Mazars, Responsable internationale de la filière Luxe
- Fabien Seraidarian PhD, Senior Manager Mazars Département Consulting, Chercheur associé à l'Ecole Polytechnique

POURQUOI CETTE ETUDE ?
Alors que les industries de la mode et du luxe enregistrent de forts taux de croissance et témoignent d’un potentiel de développement significatif porté par l’essor des marques et des enseignes à l’international, le secteur est mis sous tension.

"Les évolutions de l’environnement, les choix stratégiques ou les modifications organisationnelles entraînent de profondes mutations des chaînes de valeur des différents secteurs : des mouvements d’intégration, d’externalisation ou encore de délocalisation, de nouvelles pratiques entre donneurs d’ordres et sous-traitants… Ces diverses transformations permettent d’accompagner le développement soutenu de la filière via l’essor des marques et ainsi de valoriser les savoir-faire à l’international," explique ISABELLE MASSA, Associée Mazars, Responsable internationale de la filière Luxe

"Mais ces mutations ont parfois entraîné une reconfiguration des chaînes de valeur via le repositionnement des acteurs et la mise en place de nouvelles organisations de la production pouvant affaiblir ou entraîner la perte de savoir-faire d'exception pourtant reconnus," ajoute FABIEN SERAIDARIAN PhD | Senior Manager Mazars Département Consulting | Chercheur associé à l’Ecole Polytechnique.

Face à la vulnérabilité de ses savoir-faire, la filière est-elle menacée ?

METHODOLOGIE DE L’ÉTUDE

Menée en 2013, cette étude s’appuie sur 52 entretiens réalisés auprès d’acteurs privés de la filière et 15 entretiens effectués auprès d’acteurs institutionnels (fédérations, syndicats, groupements, CCI…).

PÉRIMÈTRE DE L’ÉTUDE

Le périmètre de l’étude concerne huit secteurs : chaussure, maroquinerie, ganterie, fourrure, habillement, bijouterie-joaillerie, horlogerie et lunetterie.

SYNTHESE DE L’ETUDE – QUELQUES CHIFFRES CLES

La filière du luxe représente 212 milliards de chiffre d’affaires dans le monde. 18 des 25 marques leaders sont européennes. La France est N°1 sur le marché mondial.

SYNTHESE DE L’ETUDE – REFLEXIONS SUR COMMENT PERENISER LES SAVOIR-FAIRE ET PROMOUVOIR L’INNOVATION DANS LA FILIERE LUXE

Dans chaque secteur de la filière, la pérennité des savoir-faire parait liée à trois types de conditions:

1.    Une réflexion stratégique

2.    Une réflexion organisationnelle

3.    Une réflexion sur l’écosystème

Sur le plan de la stratégie, parmi les grands enjeux et pistes de réflexion à envisager :

  • Sécuriser et piloter les chaînes de valeur : "Pour rester dynamique, la filière doit d’avantage encourager l’innovation et la collaboration (mutualisation d’équipements, d’outils et de compétences) pour permettre à de jeunes créateurs ou de nouvelles marques de se positionner sur le marché français et rapidement à l’international :

> Promouvoir l’innovation pour croiser et moderniser les savoir-faire en s’appuyant sur les réseaux et fédérations ;

> Envisager la création d’un fonds d’investissement spécifique au luxe pour préserver les marques françaises ;

> Mutualiser les moyens pour soutenir la prospection et la pénétration des marchés des sous-traitants et jeunes créateurs, notamment à l’international", analyse ISABELLE MASSA, Associée Mazars, Responsable internationale de la filière Luxe

  • Promouvoir des solutions de financement dédiées : "Des outils et des dispositifs existent mais les attentes sont nombreuses pour valoriser les savoir-faire et accompagner les PME de la filière dans un environnement internationalisé :

> Instituer des garanties de paiement pour les sous-traitants qui travaillent avec les jeunes créateurs ;

> Concevoir des outils financiers adaptés pour la gestion de la trésorerie (affacturage, reverse factoring…) ;

> Acheter les matières premières à terme pour réduire le besoin en fonds de roulement > Envisager de nouvelles sources de financement pour accompagner le développement des PME, TPE et jeunes créateurs ;

> Créer des modèles innovants de transmission du patrimoine", explique FABIEN SERAIDARIAN PhD | Senior Manager Mazars Département Consulting | Chercheur associé à l’Ecole Polytechnique

 Sur un plan organisationnel, les réflexions vont porter sur :

  • Elaborer de nouveaux modèles d’organisation du travail : "L’évolution de l’environnement et les exigences du marché amènent les acteurs dans les différents secteurs à faire évoluer leur organisation : recherche de la taille critique, polyvalence dans les ateliers, apprentissage et transmission des savoir-faire.

Les pistes de réflexions sont :

> Créer des réseaux à l’échelle d’un territoire pour valoriser le patrimoine immatériel que représentent les savoir-faire ;

> Promouvoir des organisations collaboratives entre pairs, plus innovantes, favorisant la "coopétition" (collaboration + compétition) ;

> Accompagner les entreprises dans l’explicitation des savoir-faire pour faciliter la transmission et le développement", explique FABIEN SERAIDARIAN PhD | Senior Manager Mazars Département Consulting | Chercheur associé à l’Ecole Polytechnique

  • Développer les ressources et les compétences et repenser les formations : "Le maintien et le développement des savoir-faire impliquent de pérenniser les formations (initiale, continue, apprentissage) pour fournir un socle de compétences minimales aux entreprises dans les différents secteurs. L’analyse des secteurs pointe la disparition et le cloisonnement des formations par secteur.

Pour attirer les talents et pérenniser les savoir-faire, la filière doit se doter de formations reconnues offrant de hauts niveaux de qualification. La filière requiert donc un cadre pour faciliter l’apprentissage et rendre ainsi les métiers plus attractifs, favoriser le développement des compétences et faciliter la polyvalence :

> Envisager la création d’une école ou d’une formation d’excellence des métiers de la main ;

> Instaurer un dispositif pour assurer le financement systématique d’apprentis pour les savoir- faire critiques ;

> Construire un observatoire de l’emploi dans les industries de la mode et du luxe ;

> Accompagner les entreprises dans l’explicitation des savoir-faire pour faciliter la transmission et le développement", explique ISABELLE MASSA, Associée Mazars, Responsable internationale de la filière Luxe

En ce qui concerne l’écosystème, le potentiel d’évolution va se jouer sur plusieurs pistes :

  •  Simplifier l’écosystème pour mieux représenter et accompagner les acteurs : "La multiplicité des structures, la lisibilité limitée des offres et des services offerts par les organisations professionnelles réduisent l’impact sur la filière mode et luxe et ses adhérents, malgré des initiatives et des réalisations reconnues à l’instar de la plateforme développée par la Maison des Savoir-Faire.

Quelques pistes de réflexions :

> Mettre en place des outils opérationnels au service de l’ensemble des acteurs des différents secteurs ;

> Encourager la coopération, voire le rapprochement de certains organismes, pour permettre le pilotage des différentes chaînes de valeur", analyse  ISABELLE MASSA, Associée Mazars, Responsable internationale de la filière Luxe

  • Développer l’attractivité des métiers de la main et valoriser les savoir-faire

"Les industries de la mode et du luxe disposent de compétences et de talents qui s’avèrent insuffisamment valorisés au sein des entreprises et plus généralement dans la société. Dans tous les secteurs, les entreprises peinent à trouver des profils ou des candidats adaptés à certains métiers (polisseur par exemple).

Par conséquent, la reconnaissance des savoir-faire constitue un enjeu majeur pour le développement de la filière et contribue à l’attractivité des territoires, à l’instar de l’association "Luxe et Excellence" réunissant 18 entreprises dans le limousin :

> Améliorer la transparence sur le fabriqué en France ("made in France", Origine France Garantie...).

> Communiquer sur l’exception française et les labels (dont EPV) ;

> Développer l’attractivité des métiers manuels auprès des jeunes ;

> S’appuyer sur la reconnaissance des formations et des dispositifs d’apprentissage pour valoriser les savoir-faire dans l’entreprise", conclut FABIEN SERAIDARIAN PhD | Senior Manager Mazars Département Consulting | Chercheur associé à l’Ecole Polytechnique

SYNTHESE DE L’ETUDE – QUELLES PERSPECTIVES A LONG TERME POUR LES INDUSTRIES DE LA MODE ET DU LUXE ?

L’étude permet d’identifier 3 scénarios "idéaux-types". Ils permettent de projeter à long terme quelle stratégie est la plus plausible pour chaque secteur.

LE SCÉNARIO "SOUVERAINETÉ DE LA MARQUE" :

Dans ce scénario à dominante "mode", le développement est tiré par l’attractivité de la marque qui prime par rapport à la qualité des produits et aux savoir-faire. Dans la phase de conception par exemple, les show rooms deviennent la norme devant la pratique des défilés. Les lignes de produits sont adaptées aux différents marchés.

LE SCÉNARIO MATURITÉ DU MODÈLE "LUXE ET MODE" :

Dans ce scénario, le développement de la filière reste tiré par les grands groupes. La pérennité de la filière en France et des savoir-faire est assurée par la promotion de pratiques vertueuses : chartes de bonne conduite, répartition équitable de la valeur ajoutée sur la chaîne de valeur, accompagnement des sous-traitants par les donneurs d’ordres…

LE SCÉNARIO "TERRITOIRE ET COOPÉTITION (COLLABORATION+COMPETITION)" :
Dans ce scénario à dominante "luxe", les acteurs sous-traitants proposent une différenciation dans leur offre, dans leur spécialisation technologique ou dans leur savoir-faire organisationnel, qui justifie qu’on fasse appel à eux et qu’on les intègre dans un réseau.


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