Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Comme pour beaucoup de jeunes étudiants, je me suis demandé quelle spécialisation pouvait correspondre à mes aspirations. Mais c’est après un job sur l’aéroport de Nice où j’ai eu la chance de pouvoir être accrédité "pistes", que j’ai eu ma révélation. Séduit par le milieu du transport. J’ai donc postulé et réussi à intégrer le DESS Droit des Transports du Professeur Paulin à l’Université de Toulouse.
J’ai commencé ma carrière chez DHL France en 2000, où j’ai été au plus près des opérationnels en traitants les litiges transports du groupe. Ensuite j’ai été contacté par le Groupe Nexia en 2005, un transporteur spécialisé dans la marchandise sous température dirigée, afin de créer un service juridique regroupant en plus le SAV et les assurances. Racheté en 2007 par le Groupe Ebrex, les actionnaires ont maintenus mes fonctions et les ont étendu à la responsabilité du service achat et immobilier, ce qui a été la plus belle expérience de ma carrière. En 2009 j’ai fait un passage éclair dans le milieu du conseil en intégrant le cabinet Syntys, spécialisé dans le domaine de la supply chain. Enfin en 2010 j’ai pris la direction juridique du Groupe Mazet où j’ai pris en charge le service juridique mais aussi les assurances et le SAV.

Qu'est-ce qui vous a poussé à rejoindre le Groupe Mazet ?

Le challenge. 
En effet le Groupe Mazet possédait un service juridique, un service SAV et assurances qui étaient compartimentés comme dans la plupart des sociétés de transports. Les dirigeants pensaient que les litiges clients pouvaient êtres évités par une rapide intervention du service juridique, et en amont par une contractualisation spécifique selon le niveau de "risque" du client, évalué par le service SAV. D’un autre côté, il leur semblait également pertinent de laisser au juridique la charge des contrats assurances et de leurs sinistres.
Le challenge était donc de créer une direction juridique par la synergie entre ces différents services, avec pour objectif la maîtrise du risk management.

Quel est votre domaine de compétence et quel était votre rôle au sein de l'entreprise ?

Initialement je me suis spécialisé en droit des transports, mais diriger des services juridiques m’a amené à me spécialiser également en droit des affaires ainsi qu’en assurance.
Je dois être avant tout le conseil de la Présidence, mais je travaille énormément avec les autres directeurs sur des projets ou des dossiers les plus divers. Quant à mes collaborateurs, sans qui rien n’est possible, ils ont la lourde tâche d’assurer un support technique auprès des autres départements et des filiales.

Au vu de vos expériences passées, diriez-vous qu'il est nécessaire pour les directions juridiques d'externaliser certaines problématiques spécialisées, à des cabinets d'avocats par exemple ?

Je dirai qu’il s’agit d’abord d’une question de taille du service juridique. En effet, une multinationale de plusieurs milliers de collaborateurs, doit se doter en interne de spécialistes tels que des fiscalistes ou des juristes en droit de la propriété intellectuelle et brevets par exemple. Ces spécialités sont, pour ces sociétés, utilisées trop régulièrement pour en externaliser la fonction et, engageraient des budgets bien plus importants que son traitement interne. Les services juridiques de ces sociétés sont, à juste raison, de taille importante et souvent subdivisés en départements.
Pour le plus grand nombre des services juridiques, qui de fait ne se trouvent pas dans cette catégorie, il est essentiel d’externaliser certaines problématiques qui ne peuvent être traitées en interne faute de ressource.
Enfin l’externalisation peut être utilisée quelle que soit la taille du service juridique et même si la spécialité est maîtrisée en interne, de manière ponctuelle, pour des raisons de stratégies, comme par exemple pour les plans sociaux ou les croissances externes.

Quels objectifs avez-vous atteints au sein de la société ?

Pour ce qui peut être dit et en toute humilité, je pense avoir réussi à créer cette synergie entre mes services, nécessaire à une meilleure gestion des risques, ce qui a contribué entre autre, à pouvoir renégocier les contrats assurances et réaliser une économie conséquente.

Propos recueillis par Amanda DUBUIS