Philippe Lecler, Associé, Moisand Boutin et Associés

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Philippe Lecler, Associé, Moisand Boutin et AssociésLe Monde du Droit a interrogé Philippe Lecler qui vient d'être nommé Associé du cabinet Moisand Boutin et Associés.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Moisand Boutin et Associés ?

Je souhaitais rejoindre un cabinet pluridisciplinaire jouissant d’une excellente pratique fiscale et corporate et ayant une capacité réelle de conseiller et défendre une clientèle de dimension internationale qu’elle soit française ou étrangère. En outre, je recherchais un cabinet dont le modèle de développement soit le gage d’une parfaite cohésion et interopérabilité entre les équipes, et ce pour le plus grand profit des clients.

Nombre de cabinets français remplissent plusieurs de ces critères. Moins nombreux sont ceux qui tendent à les satisfaire tous. MBA m’est apparu comme un des rares à les respecter effectivement. Cela tient pour l’essentiel à son histoire et à celle de ses associés.

La réelle capacité de MBA d’accompagner des clients internationaux, notamment d’origine anglo-saxonne, résulte, en effet, de l’expérience acquise par ses associés, qui ont quasiment tous exercés pendant de nombreuses années, y compris pour certains aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, dans des structures anglo-saxonnes de premier plan. Cette capacité explique, et est suffisamment démontrée, par la part importante de tels clients dans la clientèle de MBA.
Cela permet en outre, et ce n’est pas un des moindres atouts de MBA, d’assurer à ses clients français une totale compréhension et donc efficacité dans les discussions avec des interlocuteurs étrangers. De surcroît, MBA s’appuie sur un réseau de « best friends », avec lesquels les associés travaillent de longue date, permettant non seulement de répondre immédiatement aux questions juridiques et fiscales locales mais encore d’assurer à ses clients un accompagnement à long terme dans leur développement international.
Par ailleurs, MBA a toujours privilégié une croissance raisonnée et pragmatique, animé par le souci constant de conserver un niveau de prestation sur mesure et à forte valeur ajoutée.  MBA, qui étoffe constamment ses équipes, compte aujourd’hui près de 25 avocats et paralegals. Cela lui permet d’offrir les expertises essentielles du droit des affaires, droit des sociétés, fusions-acquisitions industrielles et private-equity, droit fiscal, droit social, droit immobilier, droit économique, contentieux des affaires, et droit pénal des affaires. Ces expertises s’articulent naturellement au sein d’équipes constituées de façon à offrir à nos clients une vision et une réponse globale dans la représentation et la défense de leurs intérêts.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Titulaire d’une double maîtrise de droit des affaires et de droit privé mention Carrières judiciaires, d’un DEA de droit des Affaires et d’un DESS de Banque Finance, j’ai quelque peu hésité entre la banque et le barreau avant d’opter pour ce dernier. J’ai, principalement, passé huit ans chez Rambaud-Martel où j’ai été associé en janvier 2004. Puis, j’ai exercé près de sept années comme associé de Reed Smith LLP où j’ai participé à la création et au développement du bureau de Paris.

Qui a le plus influencé votre carrière ?

Des mentors et des clients très exigeants. C’est grâce à eux que vous travaillez dur, encore et encore, pour être à la hauteur de la confiance qu’ils vous témoignent. Ce faisant vous acquérez l’expertise technique nécessaire à l’exercice de votre métier. Ce dernier ne se résume cependant pas à cette seule expertise. Il requiert un savoir-faire fondé sur l’expérience d’un grand nombre de situations, la connaissance des techniques contractuelles les plus fréquemment utilisées dans un contexte international et des qualités variées notamment d’écoute, d’analyse et de compréhension des différences culturelles marquées pouvant exister en contreparties. Travailler avec des avocats et des clients ayant acquis ce savoir-faire, participe donc grandement à votre apprentissage et conforte vos orientations. A cet égard, j’ai été à très bonne école chez Rambaud Martel puis en gérant des dossiers dits cross-border pour et avec des clients internationaux rodés à ce type d’opérations . 

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?

J’ai beaucoup de très bons souvenirs et j’espère naturellement m’en fabriquer beaucoup d’autres.
Par exemple, mon premier dossier d’offre publique, un peu atypique il est vrai, où, copiste novice œuvrant avec rigueur aux enluminures du prospectus je me retrouvais plongé dans une ambiance très « tontons flingueurs » le temps d’une planque en voiture, coincé entre client et banquier, dans l’attente fébrile de l’issue de la réunion mouvementée du conseil d’administration de la cible. Cela a très certainement renforcé mon intérêt pour la matière.  
Plus sérieusement, si je garde en mémoire la joie partagée à la suite de la réalisation d’un grand nombre d’opérations, le souvenir de certaines d’entre elles, notamment pour Nord Est, les Galeries Lafayette, GeoPost, Det Norske Veritas AS ou encore la vente de Sanoflore à L’Oréal, est plus vivace en ce sens qu’elles ont constituées de véritables étapes dans ce que vous appelez ma « carrière ». 
Enfin, si emporter la décision des juges, demeure, chaque fois, une satisfaction incomparable mais, en dépit de celle des clients, assez personnelle, certains contentieux ayant donné lieu à un formidable travail d’équipe, notamment en matière boursière, m’ont particulièrement marqués : le mémoire en défense de Sanofi-Synthélabo contre le recours en annulation de la décision de l’AMF ayant prononcée la recevabilité de son projet d’offre publique sur Aventis en est une parfaite illustration. 

Quels sont vos domaines de compétences ?

Le droit des sociétés, les fusions-acquisitions, le droit des offres publiques, les partenariats et joint-ventures. Je traite également les contentieux liés à ces opérations ainsi que les conflits entre associés. 

Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes de ces dernières semaines dans ces secteurs d’activités ?

Les travaux de synthèse des consultations de place de l’AMF sur les offres publiques et les directives Prospectus et Transparence. Les interrogations suscitées par la proposition de Loi "tendant à garantir la poursuite de l’activité des établissements viables notamment lorsqu’ils sont laissés à l’abandon par leur exploitant". Plusieurs décisions récentes ont également retenu mon attention. En premier lieu deux arrêts du Conseil d’Etat. Le premier décide que les indices permettant d’établir le manquement d’initié ne sont pas concluants lorsque les achats de titres litigieux peuvent s’expliquer autrement que par la détention d’une information privilégiée. Il est à noter que cette décision intervient peu de temps après un renforcement de la sanction pécuniaire de la violation du devoir de discrétion (non-divulgation) incombant au détenteur d’une information privilégiée. Le second porte sur la valorisation, selon la méthode de la valeur mathématique corrigée, des actions de préférence ayant un droit de priorité dans l’actif net en cas de liquidation. 
Ces actions doivent être prises en compte non seulement au numérateur mais encore au dénominateur, et ce, peu importe que les mêmes personnes détiennent le capital ordinaire et le capital privilégié et que le cédant garde le contrôle de la société cédée via le contrôle du cessionnaire.
En second lieu, deux arrêts de la Cour de cassation. Le premier décide que la perte d’affectio societatis résultant de l’absence d’entente entre les associés d’une SCI conduisant à la détérioration et à la dévalorisation de son unique actif constitue un juste motif de retrait au sens de l’article 1869 du code civil. La société doit, en conséquence, racheter les droits sociaux des associés retrayants. Le second, plus d’actualité puisqu’il a comme toile de fond la rémunération des dirigeants des grandes entreprises, confirme la définition large, précédemment donnée par la Cour, de l’abus de pouvoir qui englobe l’abus d’influence (au cas d’espèce il s’agissait d’un abus d’influence du PDG sur les membres du Conseil d’administration aux fins d’évincer des membres du comité de rémunération hostiles à diverses mesures favorables audit PDG).

Qui conseillez-vous ?

Je conseille des groupes français, y compris dans leur développement international, et des groupes étrangers dans leurs opérations en France ou soumises au droit français. J’accompagne également des entreprises mid cap dans leur développement et assiste les fondateurs et les managers de jeunes entreprises, le plus souvent spécialisées dans les nouvelles technologies, tant dans la croissance de leurs activités (contrats, partenariats, acquisition, fusion) que dans leur besoin de financement (venture et financements variés). 

Quels sont vos objectifs pour le cabinet ?

Contribuer à développer la pratique M&A de MBA aux cotés de mes associés, Jean-Pierre Langlais et Jean-Philippe Jacob. Notre équipe d’une dizaine de personnes devrait rapidement se renforcer par le recrutement de deux nouveaux collaborateurs. Apporter également ma contribution à mes associés en contentieux des affaires, activités elle aussi en pleine croissance chez MBA. Et, évidemment, faire bénéficier mes clients des expertises reconnues de MBA, notamment en fiscalité.

 

 

Propos recueillis par Arnaud DUMOURIER