Nadia Vivien, Directrice juridique, ADP GSI

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Nadia Vivien, Interview, Directrice juridique, ADP GSILe Monde du Droit a rencontré Nadia Vivien, Directrice juridique au sein d'ADP GSI.

Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai commencé ma carrière en tant qu’avocate au cabinet Gide Loyrette Nouel, dans le département qui s’appelait à l’époque "Média Informatique et Telecoms". Mon activité consistait essentiellement dans la négociation de contrats informatiques (licence, maintenance, intégration, développement…), le commerce électronique et la propriété littéraire et artistique. En plus de clients français, nous avions une part significative d’entreprises étrangères, notamment américaines, qui faisaient appel à nous pour adapter leur activité et leurs contrats au contexte français. Très vite, je me suis passionnée pour l’activité contentieuse, avec, dans ce domaine d’activité, des dossiers présentant une grande complexité technique, avec très souvent de longues expertises à la clé.

Qu’est-ce qui a présidé à votre nomination à la tête de la direction juridique de ADP GSI France ?

D’anciens collaborateurs de Gide Loyrette Nouel avaient déjà rejoints ADP GSI avant moi, le premier avait même créé la fonction juridique au sein d’ADP GSI en 1997. ADP GSI avait alors recours uniquement alors à des cabinets d’avocats externes.
Je pense que ma nomination est liée à l’expérience significative que j’avais acquise dans un cabinet d’avocats de premier plan, et à ma connaissance du secteur d’activité.
Pour ma part, j’ai fait ce choix d’évoluer vers le monde de l’entreprise, car cela correspondait à mon souhait de travailler en collaboration avec d’autres profils et compétences que des avocats ou des juristes, de suivre des projets sur le long terme, en bref d’intégrer une aventure et un projet collectifs.

Comment est organisée la direction juridique ?

La Direction juridique d’ADP au niveau de la France est composée de 3 personnes, moi-même et 2 autres collaborateurs seniors, sachant qu’ADP en France compte environ 2000 collaborateurs. C’est donc une équipe qui se doit d’être efficace et réactive !
Ayant des collaborateurs expérimentés, je travaille avec mon équipe dans une culture d’autonomie, où chacun se sent investi et responsable. Pour autant, nous communiquons et échangeons beaucoup d’autant que nous sommes tous situés à proximité les uns des autres. Au-delà de cet échange quotidien sur les dossiers en cours, l’expérience m’a montré qu’il était important que l’équipe juridique se rencontre régulièrement avec un temps dédié, pour échanger sur les dossiers des uns et des autres qui méritent d’être partagés, évoquer des sujets d’actualité, ou des problématiques de fonctionnement et de communication au sein de l’entreprise.

Comment fonctionne la direction juridique ?

Elle fonctionne dans un esprit de "business partner" avec les autres fonctions de l’entreprise. Ceci est probablement lié au fait que la fonction juridique est relativement récente dans l’entreprise. Les juristes ont toujours fait en sorte d’être perçus comme une aide au business plutôt que comme une contrainte.
En pratique, cela se traduit par peu de formalisme, nous ne faisons pas ou très rarement de notes. Notre méthode est de dialoguer, de bien comprendre les enjeux business et de voir comment les concilier avec les aspects juridiques. Nous cherchons toujours des solutions pratiques et concrètes à la problématique posée par un client interne, sans s’arrêter à "dire le droit". C’est une approche enfin qui revient à accepter de prendre une part de risque, dès lors que ce risque est connu et raisonnable.

Vous arrive-t-il d’externaliser certaines fonctions ? 

Nous externalisons relativement peu. Bien sûr, nous utilisons des cabinets d’avocats pour la gestion des contentieux ou pré-contentieux, mais nous restons très impliqués dans la définition de la stratégie et le suivi quotidien du dossier.
Nous y avons recours également pour des opérations spécifiques telles que des acquisitions de sociétés ou sur des questions techniques pointues où nous avons recours à des cabinets d’avocats de niche (par exemple sur des questions relatives aux données personnelles, ou encore d’archivage électronique).

Comment voyez-vous votre rôle ?

En tant que Directeur Juridique France, mon rôle devrait être essentiellement celui d’animer l’équipe juridique. En réalité, la taille restreinte de notre équipe fait que je garde un rôle de production très important. Je suis donc en permanence en contact avec les réalités opérationnelles, je vis moi-même les évolutions du métier de juriste. Au final, cela enrichit et ancre la fonction de direction juridique dans la réalité de l’entreprise.

Quelles sont les spécificités propres à une entreprise comme ADP GSI France?

La fonction juridique est rattachée directement à la Direction Générale. Je suis présente au Comité de Direction. C’est un signe de la considération apportée à la fonction juridique, même si comparée aux autres fonctions de l’entreprise, la fonction juridique représente une équipe restreinte.
La Direction Juridique France est également très proche des Directions Juridiques des autres pays. Elle est coordonnée par une Direction Juridique qui chapeaute l’Europe (ADP est implantée dans de nombreux pays européens, notamment le Royaume-Uni, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne), l’Australie, le Brésil et la Chine. C’est une évolution notable car il y a encore 5 ans, nous nous connaissions à peine. Aujourd’hui, nous travaillons vraiment ensemble sur des problématiques communes. A titre d’exemple, il y a quelques années, nous avons refondu l’ensemble des conditions générales de nos contrats commerciaux pour avoir le même modèle de contrat, sous réserve des spécificités juridiques locales. Aujourd’hui, quand nous sommes confrontés à une problématique, nous échangeons avec les autres fonctions juridiques, et c’est très souvent une source d’inspiration.

Quelle est votre "journée-type" ?

Il est difficile de parler d’une journée-type car très souvent la journée-type est justement une journée où on ne fait pas ce qu’on avait planifié. La gestion d’une urgence, d’un imprévu fait partie de notre quotidien.
Disons alors que la journée-type est un savant mélange entre la gestion de l’équipe, le traitement de mes dossiers, les réunions, les discussions avec les autres membres du Comité de Direction, et la lecture des actualités pour rester à jour en termes de connaissances.

 

 

Propos recueillis par Valera ADZE