La crise sanitaire booste la transformation numérique des professionnels du droit

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Selon une *étude menée pendant le confinement par l’IFOP pour Doctrine, 70 % des avocats interrogés vont intégrer les technologies numériques dans leur activités.

Le confinement a accru les difficultés liées à l’exercice des métiers du droit

Le confinement lié à la crise du Covid-19 a rendu beaucoup plus difficile la communication des avocats avec les juridictions, et parfois même avec leurs clients. Pour une très large majorité d’entre eux, le confinement a accru les difficultés liées à l’exercice de leur métier. 88% des avocats déclarent que depuis cette crise, l’exercice de leur métier est plus difficile qu’avant.
Plus de la moitié d’entre eux (58%) estiment même qu’il est « beaucoup plus difficile qu’avant ». Les difficultés sont plus marquées auprès des avocats plus âgés, pas nature non « digital native » (92% des 50 ans et plus contre 87% des moins de 50 ans), ceux qui travaillent en individuel (93% vs 82% au sein de cabinet de plus de 5 collaborateurs) et ceux qui sont associés ou indépendants, plutôt que salariés (94% et 93% vs 71%).

C’est surtout la réorganisation personnelle de sa façon de travailler qui à constitué une difficulté pour les avocats.
Pour une large majorité des interviewés (81%), le confinement n’a pas rendu l’accès à l’information juridique plus difficile qu’il ne l’était avant, de même, à un degré moindre, que l’adaptation au travail à distance (outils à disposition et la qualité des équipements) dont l’adaptation a été jugée facile par plus de 6 répondants sur 10 (62%). Les avocats qui ont ressenti le plus de facilité sur ces différents points lors du confinement sont principalement les « digital natives », les urbains, ceux qui exercent en tant que salariés et au sein de « gros » cabinet. A l’inverse, les difficultés perçues semblent plus importantes auprès des plus âgés et fragilisent principalement les petits cabinets (moins de 20 salariés), les indépendants et les
associés.

L’accès aux décisions de justice

Depuis le début du confinement, le jugement sur la suffisance de l’accès aux décisions de justice pour exercer au mieux sa profession divise les avocats.
Une courte majorité d’entre eux considère que cet accès insuffisant (56%), dont près d’un tiers qui affirment qu’il n’est « pas du tout suffisant », contre 44% qui le trouvent suffisant. Dans le détail, on retrouve une fois encore, les mêmes profils qui pâtissent d’un accès insuffisant aux décisions de justices : 62% des 50 ans et plus, 60% de ceux résidants en province, 62% de ceux exerçant en individuel, 62% des indépendants et 59% de ceux qui exercent dans un cabinet de moins de 20 salariés.

Nécessité d'accélérer la transformation numérique

Respectivement 74% et 70% des interviewés estiment en effet que cette crise sanitaire va modifier durablement les conditions d’exercice de leur métier concernant, de façon générale, la transformation numérique du système juridictionnel mais aussi, plus concrètement, la transformation numérique des outils de travail. Ces perceptions sont globalement homogènes mais sont toutefois plus affirmées chez les personnes travaillant dans les grands cabinets de 200 salariés ou plus. A l’inverse, seule une minorité d’avocats considère que les conséquences de la crise seront importantes sur la façon de communiquer avec ses clients (45%, dont malgré tout 58% d’avocats spécialisés dans le droit des sociétés et 56% dans le droit fiscal et douanier) et sur la façon de s’informer (30% dont 42% des 60 ans et plus).

Quels outils numériques ?

Le souhait d’avoir plus largement accès à des outils numériques pour différentes tâches inhérentes à l’exercice de son métier est fortement affirmé. C’est en premier lieu le cas pour 86% des avocats s’agissant du fait « d’échanger avec les juridictions : magistrats ou greffiers ». Ce souhait d’un accès numérique plus conséquent est aussi fortement partagé pour « améliorer sa visibilité en ligne », (71% des avocats), « rechercher des informations juridiques » (69%), « dialoguer avec des confrères / clients à distance » (68%) et « suivre ses dossiers (gestion de contrat, facturation en ligne, suivi des conclusions…) » (67%).
Les avocats se montrent en revanche partagés sur les outils qu’ils souhaitent acquérir en priorité.
Trois outils sont davantage mis en avant :
- L’accès à des outils de téléconsultation avec ses clients, cité en premier par 25% des personnes interrogées et, au total, par 45%. Ce score (en
premier) grimpe à 38% auprès des avocats résidant dans une commune de moins de 100 000 habitants dont les distances « physiques » avec leurs
clients sont probablement plus élevées.
- Des outils d’aide à la décision (tels que des informations juridiques plus pertinentes par rapport aux besoins des clients, des décisions similaires à ses recherches, un historique du contentieux d’une entreprise…), cités en premier par 24% des personnes interrogées et, au total, par 49%. Le taux de
citation prioritaire atteint pour cet outil un score particulièrement élevé chez les avocats travaillant dans un cabinet de grande taille : 38% auprès de
ceux évoluant dans un cabinet de 50 à 199 personnes et 33% dans un cabinet de plus de 200 personnes.
- L’accès à des outils permettant d’améliorer sa visibilité et sa notoriété, cité en premier par 22% des personnes interrogées et, au total, par 44%. Ce
score atteint 31% chez les avocats spécialisés dans le droit commercial.

Arnaud Dumourier (@adumourier)

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*Etude menée pendant le confinement par l’IFOP pour Doctrine auprès d’un échantillon représentatif de 853 avocats