Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo : « Nous souhaitons donner les moyens concrets aux avocats de ne pas subir la concurrence des autres acteurs et de l'IA »

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Dans cette interview exclusive, Pierre Hoffman et Vanessa Bousardo, bâtonnier et vice-bâtonnière de Paris, présentent les grands axes de leur bâtonnat. Axées sur l'épanouissement des avocats, la protection contre la concurrence, l'appropriation de l'intelligence artificielle ainsi que la préservation de l'unité du barreau, leurs perspectives dessinent une vision ambitieuse pour l'avenir des avocats parisiens.

Dans quel état d’esprit êtes-vous alors que vous prenez vos fonctions à la tête du barreau de Paris ?

Optimiste bien sûr ! Nous avons la chance de pouvoir parler au nom de 34.000 avocates et avocats de notre barreau.

Des forces vives qui exercent avec fierté et compétence leur métier, au bénéfice des justiciables, des entreprises, de l’État de droit.

Nous savons pouvoir compter sur l’ensemble du barreau pour, plus que jamais, faire porter les valeurs de notre démocratie.

Quelles sont vos priorités ?

Plus que jamais faire que ce métier soit une source d’épanouissement. Conforter nos consœurs et confrères dans leur exercice, leur donner les moyens concrets de ne plus subir la concurrence des autres acteurs et de l’intelligence artificielle, leur permettre de conseiller et défendre leur clientèle.

Et, pour le barreau, construire la certitude que la parentalité ne peut être vécue comme une épreuve ou un ralentissement de carrière. Accompagner le jeune barreau pour faire cesser tout fait de harcèlement ou discrimination. 

Que nos exercices continuent nous donner la juste fierté que nous méritons, mais aussi la sécurité et la stabilité à laquelle nous devons prétendre.

Lors de votre investiture, vous avez exprimé la volonté d'être "pro-business", comment allez-vous accompagner le développement économique des cabinets ?

Tout ce qui renforce les cabinets participe de cette attitude. Pourtant, beaucoup plus directement, nous souhaitons organiser des rencontres avec nos partenaires et clients habituels pour commencer. Nous voulons ensuite pérenniser ces rencontres, à tout niveau de responsabilité et de hiérarchie.

Il nous faut aussi être réalistes sur les évolutions de notre déontologie : la question de l’apport d’affaires et celle du pacte quota litis doivent être posées. Et nous entendons, pour ces sujets, permettre de faire évoluer nos textes notamment. 

Le reste sera communiqué au fur et à mesure. 

Pourquoi est-ce nécessaire, selon vous, de développer votre outil d'intelligence artificielle (IA) ? Quel type d'outil est nécessaire ?

L’IA, lorsqu’elle sera aboutie, sera un outil qui introduira une révolution aussi importante que l’informatique avant elle. Elle nous fera gagner un temps précieux par l’évitement des tâches répétitives. Elle nous interdira évidemment de facturer celles-ci. 

Il nous appartient donc de nous en saisir et, surtout, éviter l’asymétrie de l’information entre les cabinets ou encore entre les avocats et les autres acteurs du droit.

Il est du devoir du barreau de Paris de permettre à tous ses membres de recourir à ces outils pour être efficaces et compétents, tant pour nos clients que pour les juridictions qui jugent notre production. 

Prendrez-vous des mesures spécifiques pour les avocats d’affaires ?

Il n’y a qu’un barreau et nous sommes une famille unie. Passée la posture, les cabinets n’interviennent pas sur les mêmes marchés, ni pour les mêmes clients. Ils peuvent rencontrer des problématiques différentes dans leur exercice. 

Nous veillerons donc à la préservation des intérêts de chacune des composantes de notre barreau et n’hésiterons pas à répondre aux besoins spécifiques de toute structure, tout en préservant notre unité. 

Le barreau d’affaires et international, peut éprouver des difficultés spécifiques en matière de blanchiment, de compliance, de rapports avec d’autres juridictions étatiques, mais aussi des questions propres quant à la collaboration, aux carrières, etc. 

Nous devons y répondre, sans freiner les énergies ni décourager l’initiative, et en étant certains de maintenir la même déontologie pour toutes et tous.

Quelles seront vos premières mesures ?

Nous y travaillons déjà. Elles seront liées à la qualité de vie des avocates et avocats et à la préservation de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Les épisodes de parentalité ou de maladie doivent être vécus plus sereinement. Ce sont des mesures simples à mettre en œuvre et nous allons le proposer dès les premiers jours du Conseil de l’ordre.

Enfin, nous souhaitons concentrer notre Ordre sur ses fonctions régaliennes : la déontologie doit être mise au service de nos consœurs et confrères pour qu’ils disposent vite et efficacement de réponses à toutes leurs interrogations professionnelles. 

Propos recueillis par Arnaud Dumourier (@adumourier)


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